Invité Invité
| Sujet: Albert Roussel Sam 19 Jan - 13:24 | |
| Chez Albert Roussel, il faut d'abord considérer le musicien, car il lui importe plus de construire son œuvre et de découvrir des combinaisons sonores nouvelles que de se confesser. L'homme maîtrise ses sentiments, discipline acquise dès l'enfance (une enfance privée de l'affection des parents disparus très tôt), et cultivée par le jeune officier de marine. Non pas froideur, mais une extrême pudeur, une certaine réserve, une constante fierté. Parfois féminine par la grâce et l'agilité de son écriture, la musique d'Albert Roussel est toujours mâle par la pensée. Une force l'habite, la soutient, l'entraîne en des élans dionysiaques dont Bacchus et Ariane offre le plus bel exemple, mais aussi le préserve des excès romantiques. Ajoutons à cela l'expérience du marin, du voyageur, l'ouverture sur l'Extrême-Orient, la contemplation de la mer, et le rêve, caressé un jour, de traduire par la musique ce qu'elle recèle de puissance et d'infini, de charme, de colère, de douceur, et force est de constater que le cas d'Albert Roussel est des plus complexes. Une telle personnalité ne se classe pas facilement dans les écoles musicales ou les courants esthétiques. Son art transparent et délié, art de contrapuntiste formé à la Schola cantorum, a trouvé du côté de l'impressionnisme l'allégement de la pensée, le sens de l'ellipse. Albert Roussel a fait siennes les leçons de fluidité incluses dans l'œuvre de Debussy. Quant à la mobilité, car il n'est pas de musique plus mobile, plus nerveuse, plus agile que la sienne, comment n'y pas déceler également l'influence des Images pour orchestre de Claude Debussy ? L'évolution d'Albert Roussel l'a conduit vers un classicisme où logique et sensualité s'équilibrent, où musique pure et évocation sont de la même essence. Ses plus grands chefs-d'œuvre, Bacchus et Ariane, la Troisième et la Quatrième Symphonie, marquent précisément le triomphe de ce classicisme. Disons que c'est spéciale |
|