Marc Laferrière est né en 1935. Ce n’est pourtant pas au saxophone mais à la trompette qu’il va faire ses premières armes à 14 ans, dans l’harmonie de son collège. À 16 ans, il passe de la trompette au saxo. Mais les succès de Sidney Béchet , son idole, ne sont pas écrits pour l’alto et les transpositions s’avèrent délicates ; aussi loue-t-il un saxophone soprano l’année suivante. Marc Laferrière ne tarde pas à créer son premier orchestre de jazz Nouvelle Orléans. Où ça ?… mais au lycée d’Orléans justement !
En 1957, un nouveau club de jazz parisien annonce sa prochaine ouverture. Un évènement ! Aujourd’hui, le mot peut faire sourire. Mais à l’époque de la création du Slow Club, le contexte est tout autre. La naissance d’un nouveau club ne laisse indifférents ni les amateurs de jazz, ni les danseurs toujours à la recherche d’un nouveau décor et encore moins les musiciens ravis de l’aubaine qui se bousculent au portillon pour s’y faire engager. Il ne faut pas perdre de vue qu’à l’époque, aucun bal, aucune fête, aucune soirée dansante et a fortiori aucun club ne peut se concevoir sans musique « vivante ».
La direction du Slow Club est si persuadée de l’importance d’engager un bon orchestre qu’elle décide d’organiser une série d’auditions qui ne dureront pas moins de trois mois. Du jamais vu ! Le verdict tombe enfin : c’est le tout jeune orchestre de Marc Laferrière qui sera titulaire du Slow Club. Il y jouera pendant 15 ans avant de décider de voler de ses propres ailes. Durant ces quinze années, il joue chaque soir, appuyé par Claude Luter qui vient lui prêter main forte 3 fois par semaine.
Sans parler des vedettes du jazz comme Benny Waters, Rex Stewart, Bill Coleman, Cat Anderson et combien d’autres, qui ne manquent jamais à chacun de leur passage à Paris de venir faire « le boeuf ».
Marc Laferrière est incontestablement un fils spirituel de Sidney Bechet. Il opte définitivement pour le saxophone soprano, instrument délicat dont il maîtrise assez vite les multiples difficultés. Il a adopté le saxo soprano courbe aux dépens du droit pour sa sonorité plus chaleureuse et le meilleur contrôle de l’expression que sa forme confère à l’instrumentiste. Son vibrato est léger et beaucoup moins serré que celui de Bechet. De tous les saxophonistes soprano qui ont poussé comme des champignons dans le sillage de Sidney, il reste certainement celui qu’on identifie le plus facilement dès les premières notes.
Avec son talent, c’est la joie de vivre et de partager qui le caractérise le mieux !
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