Texte de nini
Alexandre Scriabine, né le 6 janvier 1872 à Moscou, est certainement l'une des figures musicales les plus captivantes du siècle dernier.
1872 : Naissance d'Alexandre Nikolaïevitch Scriabine le 6 Janvier à Moscou, d'un père diplomate et d'une mère pianiste.
Sa mère, Lioubov Petrovna Tchétinina, décède l'année suivante, à 23 ans, d'une violente hémorragie cérébrale, conclusion funeste d'un long dépérissement, puisqu'elle tombe malade à la fin de sa grossesse : alors qu'elle revenait d'une série de concerts à Saratov, à mille kilomètres de Moscou, elle prend froid au cours du voyage en train dont les conditions sont déplorables. Elle accouche à peine arrivée à Moscou ; puis, son état de santé ne fera qu'empirer.
Alexandre est donc éduqué par sa grand-mère Elizavéta Ivanovna (1823-1916), et surtout sa tante Lioubov Alexandrovna (1852-1941), qui s'en occupera avec un amour, une adoration et un dévouement extrêmes : " Ma dévotion pour le bambin croissait de jour en jour. En réalité, toute la force de mon amour fut reportée sur lui seul. J'oubliais même que j'étais encore jeune et que je pourrais avoir des enfants moi-même. À chaque demande en mariage, il me suffisait de jeter un regard sur l'enfant et de réaliser que je serais séparée de lui. Cette idée m'était insupportable. 1 "Elle lui apprend le piano et l'amour de la musique.
1881 : À neuf ans, il joue déjà du piano de manière remarquable, vouant pour l'instrument une totale vénération. Sa tante le présente à Anton Rubinstein, qui prédit une grande carrière au prodige.
1882-1887 : Le capitaine Vladimir Alexandrovitch Scriabine, oncle d'Alexandre, le fait entrer au corps des Cadets de l'Ecole militaire de Moscou, en lui permettant un régime de faveur, puisqu'il est dispensé des exercices militaires et qu'il peut jouer au moins deux heures par jour du piano, d'autant plus qu'il obtient par ailleurs de très bonnes notes en travaillant peu dans les autres matières. À partir de 1883, il a un premier vrai professeur de piano, Guéorgui Eduardovitch Conus (1862-1933), puis Nicolaï Zverev sera le second, tandis que Sergueï Ivanovitch Taneïev s'occupe des cours d'harmonie et de contrepoint. Zverev loge et nourrit ses meilleurs élèves, et participe à leur éducation musicale au sens large, dirigeant leurs lectures, développant leur esprit critique, les emmenant au concert. Serge Rachmaninov et Scriabine sont ainsi tous deux camarades et élèves de Zverev, comme ils seront plus tard élèves de Taneïev au Conservatoire de Moscou.
1883-1884 : Compose deux morceaux pour piano en ré mineur, un Prélude et un Canon.
1886 : Valse op.1, et Trois Morceaux pour piano op.2.
1888-1892 : Scriabine entre au Conservatoire de Moscou ; il est élève de Taneïev puis d'Anton Stépanovitch Arenski en composition, et de Vassili Safonov en piano (1852-1918). Ce dernier est un excellent pédagogue, passionné par l'enseignement, et lui sera un ami fidèle durant presque toute sa vie.
1888-1890 : Dis Mazurkas pour piano op.3
1887-1893 : Allegro appassionato pour piano op.4
1890 : Deux Nocturnes pour piano op.5
1891 : Deux Impromptus à la mazur op.7
Déjà, Scriabine va à l'encontre de la tradition romantique représentée alors par Tchaïkovski et n'hésite pas à employer de nombreux enchaînements harmoniques peu académiques.
En 1892, les cinq premiers opus sont publiés par l'éditeur Piotr Jürgenson.
Pendant l'hiver 1893-1894, Taneïev ayant organisé des réunions avec ses élèves autour des œuvres de Richard Wagner, Scriabine découvre donc avec grand intérêt les partitions de Tristan et Yseult, du Crépuscule des Dieux, de Parsifal. Plus tard, il assistera aussi avec passion à Paris aux Maîtres chanteurs de Nuremberg ou à La Walkyrie. Il comparera souvent son Acte préalable à Parsifal.
1893 : Sonate n°1 op.6. À cette époque, Scriabine souffre d'une paralysie de la main droite, une célèbre maladie qui touche de nombreux artistes à un moment de leur carrière, appelée par certains " la crampe de l'écrivain ". Il bascule alors dans une dépression morale profonde qui durera trois ans, et doute de son avenir de musicien. Il mène une vie dissolue, très portée sur l'alcool et les maisons closes, alternant avec des cures de repos et de bains de mer prescrites par le médecin, à Samara, en Crimée, puis dans une station balnéaire du Caucase. Par chance, cette maladie lui permettra aussi d'être exempté du service militaire.