Texte de nini
Après avoir appris la composition à l'université Yale, il abandonne le métier de compositeur au début du XXe siècle pour se lancer dans les assurances et fonder une compagnie qui devient prospère. Il continue cependant à composer de la musique sans la faire publier ni jouer. À partir des années 1920 des problèmes de santé l'obligent à arrêter ses activités professionnelles et artistiques. À la même époque, il est découvert par l'avant-garde musicale de New York qui commence à faire jouer sa musique. La création dans les années 1930 de la Concord Sonata, et en 1947 de sa troisième symphonie qui obtient le prix Pulitzer de musique, révèlent Ives à la critique et au public américain. Certaines œuvres d'envergure comme sa quatrième symphonie ne sont pourtant jouées que bien après sa mort. La musique de Charles Ives est originale, à la fois par l'utilisation de techniques musicales avant-gardistes et par les emprunts à la musique populaire.
Charles Ives est né à Danbury, dans l'État du Connecticut. Son père, George Ives, était chef de la musique de l'artillerie de l'union dans l'armée des États-Unis durant la guerre de Sécession. L'une des choses ayant pu l'avoir influencé fut d'avoir écouté dans la place de Danbury la fanfare de son père simultanément avec d'autres fanfares venant des autres côtés de la place. Son père lui donna quelques cours de théorie musicale avec une grande ouverture d'esprit, encourageant son fils à expérimenter des harmonisations bitonales voire polytonales.
Ives partit pour New Haven en 1893, et fut diplômé à l'Hopkins School. Puis en septembre 1894, il étudia à l'Université Yale les cours d'Horatio Parker. Il y composa plusieurs pièces dans le style choral d'une manière similaire à son mentor, écrivant des musiques d'église et même une musique de campagne électorale pour William McKinley. Pendant cette période plusieurs de ses pièces sont publiées, dont natamment une marche, Intercollegiate, qui sera jouée lors de l'inauguration de la présidence de McKinley1. Le père de Charles mourut le 4 novembre 1894, et ce fut un choc pour le jeune compositeur qui l'avait idéalisé. Il continua par conséquent à mener les expérimentations musicales débutées avec lui, qu'il poussa assez loin. Ives termina ses études à Yale dans des domaines très différents, comprenant le grec, le latin, les mathématiques et la littérature. Il fut membre des sociétés secrètes Delta Kappa Epsilon et Wolf's Head, ainsi que président de l'Ivy League. Ses œuvres Calcium Light Night et Yale-Princeton Football Game démontrent l'influence de l'université sur ses compositions. Il écrivit sa Symphonie no 1 en guise de thèse de fin d'études sous le tutorat de Parker.
En 1898, après l'obtention de son diplôme à Yale, il accepta un travail à 5 $ par semaine de préposé dans une compagnie d'assurance de New York (Mutual Life Insurance Company), et déménagea dans une chambre d'appartement à New York qu'il partagea avec d'autres jeunes hommes. Il continuera d'être organiste à l'église jusqu'en 1906. En 1899, il changea pour l'agence Charles H. Raymond & Co., où il resta jusqu'en 1906. En 1907, suite aux échecs de Raymond & Co., lui et son ami Julian W. Myrick créèrent leur propre compagnie d'assurance Ives & Co., qui devint plus tard Ives & Myrick, dans laquelle il demeura jusqu'à sa retraite. Il composait pendant ses temps libres, et travailla jusqu'à son mariage comme organiste à Danbury, New Haven, Bloomfield (New Jersey) et New York.
Ives a étudié à Yale, et sa première symphonie montre une maîtrise de l'écriture en forme sonate dans le contexte de la fin du XIXe siècle, mais également une tendance iconoclaste[réf. nécessaire], avec le second thème qui sous-entend plusieurs directions harmoniques différentes. Son père était chef de fanfare, et tout comme Hector Berlioz, Ives était fasciné pour les musiques d'extérieur et leur instrumentation. Ses tentatives de fusionner ces deux éléments, et son admiration pour Beethoven sont les lignes conductrices de sa vie musicale
Ives composa quatre symphonies, mais c'est avec The Unanswered Question (1906 révisé en 1930-35), pièce écrite pour une formation très inhabituelle de trompette soliste, quatre flûtes, et quatuor à cordes, qu'il posa l'environnement musical et sonore qui restera comme son style. Les cordes, situées hors de la scène, jouent très lentement, tandis que la trompette, seule face au public, joue à différentes occasions des motifs très courts que Ives décrit comme « l'éternelle question de l'existence ». À chaque fois, les flûtes, sur scène, répondent à la trompette par une explosion stridente, excepté la toute dernière fois : c'est la question sans réponse (the unanswered question). La pièce est typique de Ives, car elle juxtapose des éléments variés et disparates, conduits par la trame d'une histoire dont nous n'avons jamais réellement conscience, ce qui rend la pièce formidablement mystérieuse.
La plupart de ses œuvres durent attendre plusieurs années avant d'être interprétées. Les difficultés d'interprétation dues à la complexité rythmique de ses pièces pour orchestre en firent des défis difficiles à relever.
Dans les années 1940, il rencontra Lou Harrison, un fan de sa musique qui en fit la promotion. Harrison dirigea la première de la Symphonie no 3 (1904) en 1946. L'année suivante, cette pièce remporta le Prix Pulitzer de la musique. Ives donna l'argent de ce prix (la moitié allant à Harrison), disant « les prix sont pour les jeunes garçons, et j'ai eu le temps de grandir ».