Un sujet de nini
Léo Albert Charles Antoine Ferré, né le 24 août 1916 à Monaco et mort le 14 juillet 1993 à Castellina in Chianti (Toscane), est un auteur-compositeur-interprète, pianiste et poète franco-monégasque. Ayant réalisé plus d'une quarantaine d'albums originaux couvrant une période d'activité de 46 ans, Léo Ferré est à ce jour le plus prolifique auteur-compositeur-interprète d'expression française. D'une culture musicale classique, il dirige à plusieurs reprises des orchestres symphoniques, en public ou à l'occasion d'enregistrements discographiques. Léo Ferré se revendiquait anarchiste, ce courant de pensée inspire grandement son œuvre.
En 1991, pour ce qu'il sait être son dernier album et à l'occasion du centenaire de la mort de Rimbaud il choisit de s'effacer derrière le poète en disant/psalmodiant Une saison en enfer seul au piano. Il dirige des musiciens classiques une dernière fois en compagnie de l'Orchestre national de Lorraine. Hospitalisé fin 1992, il doit annuler sa rentrée parisienne au Rex. Il fonde les éditions musicales La Mémoire et la Mer afin que ses ayants droit puissent mieux veiller à l'utilisation future de son œuvre. Sa dernière apparition publique a lieu à la Fête de l'Humanité où l'a invité Bernard Lavilliers, avec qui il chante devant plusieurs milliers de personnes Est-ce ainsi que les hommes vivent ? de Louis Aragon et Les Anarchistes.
Léo Ferré décède chez lui le 14 juillet 1993 à l'âge de 76 ans, des suites d'une maladie qui le taraude depuis plusieurs années. Il est inhumé à Monaco, dans l'intimité.
« Je vous donne ma voix et puis tous mes violons Vous savez qui je suis maintenant ? Le vent je suis le vent »
— Léo Ferré, Vous savez qui je suis maintenant ?
Son style
Léo Ferré est une des références incontournables de la chanson française. Mêlant l'amour et la révolte, le lyrique et le populaire, l'érudition et la provocation, l'ironie (grinçante) et le dramatisme, le minimalisme et la démesure épique, Ferré dépeint des états d'âme plus qu'il ne raconte des histoires avec des personnages. Son chant secoue plus qu'il ne flatte. Cet artiste est celui par qui la chanson a su acquérir un langage véritablement critique54.
L'écriture textuelle
Ferré est considéré comme un poète marquant de la deuxième moitié du XXe siècle, avec une expression riche et profonde, où l'influence du surréalisme se fait sentir notamment dans la deuxième moitié de l'œuvre enregistrée. Il utilise un vocabulaire étendu, des champs lexicaux récurrents plutôt inattendus par rapport aux sujets choisis, il joue avec la connotation usuelle des mots, forge des néologismes, crée des images complexes s'engendrant les unes les autres, avec de nombreux changements de registre et de rythme ; l'intertexte littéraire y est abondant, le sens rarement univoque.
En tant qu'écrivain, il a abordé - en les subvertissant à des degrés divers - le récit d'enfance autofictionnel (Benoît Misère, 1970), le genre épistolaire (Lettres non postées, inachevé), le texte de réflexion (Technique de l'exil, L'anarchie est la formulation politique du désespoir, Introduction à la folie, Introduction à la poésie/Le mot voilà l'ennemi !), le portrait, voire l'autoportrait (préface à l'édition au Livre de poche des Poèmes saturniens de Paul Verlaine, 1961 ; préface au Poètes d'aujourd'hui n°161 consacré à Jean-Roger Caussimon, 1967). Il s'est frotté au théâtre (L'Opéra des rats, 1983), il a publié des recueils de poésies (Poètes... vos papiers !, 1956 ; Testament phonographe, 1980) et composé de vastes poèmes ouvragés (Les Chants de la fureur/Guesclin, Le Chemin d'enfer, Perdrigal/Le Loup, Death... Death... Death..., Métamec).
L'écriture musicale
Léo Ferré est un infatigable passeur. En mettant en musique ses modèles et ses affinités, notamment Apollinaire, Baudelaire, Verlaine, Rimbaud, Villon, Aragon et quelques autres (Rutebeuf, Cesare Pavese, Jean-Roger Caussimon...) il contribue à en maintenir l'aura auprès d'un public élargi.
Article détaillé : Les poètes chantés par Léo Ferré.
Hors de la chanson, Léo Ferré s'est essayé à la composition de différents genres : l'opéra avec La Vie d'artiste (inachevé), l'oratorio en 1953 avec La Chanson du mal-aimé (texte d'Apollinaire), le ballet chanté en 1956 avec La Nuit, la musique instrumentale avec La Symphonie interrompue (1954), Le Chant du hibou (1983), Le Concerto pour bandonéon (inachevé), et enfin la musique de film pour Douze heures d'horloge (1959), avec Lino Ventura, ou L'Albatros de Jean-Pierre Mocky (1971). Il faut ajouter à cela la direction d'orchestre, qu'il apprend en autodidacte. De 1975 à 1990, Léo Ferré dirige occasionnellement les orchestres symphoniques qu'on veut bien lui prêter, lors de représentations en France, en Italie, au Canada, en Espagne, en Suisse et en Belgique.