Un sujet de nini
Juliette Gréco, née le 7 février 1922 à Montpellier, est une chanteuse et actrice française
En 1939, elle est petit rat à l'Opéra de Paris. Sa mère l'entraîne dans la résistance. Capturée, elle n'est pas déportée à cause de son jeune âge, mais elle est emprisonnée à Fresnes, alors que sa mère et sa sœur aînée Charlotte sont déportées à Ravensbrück d'où elles ne reviendront qu'en 1945, après la libération du camp par les Américains. Début 1942, Juliette est libérée de Fresnes et, après avoir récupéré ses affaires au siège de la Gestapo dans le 16e arrondissement de Paris, elle se retrouve à 15 ans seule et sans ressources « sur l'avenue la plus belle du monde, l'avenue Foch » avec un ticket de métro en poche. Elle se rend alors chez la seule personne de sa connaissance résidant dans la capitale, Hélène Duc, qui fut son professeur de français à Bergerac et une amie de sa mère. Elle sait qu'Hélène habite rue Servandoni, près de l'église Saint-Sulpice. Hélène Duc la loge dans la pension où elle-même demeure et la prend en charge.
Le quartier de Saint-Germain-des-Prés est à deux pas de là et, en 1945, Juliette découvre le bouillonnement intellectuel de la rive gauche et la vie politique à travers les Jeunesses communistes. Hélène Duc l'envoie suivre les cours d'art dramatique dispensés par Solange Sicard. Juliette décroche quelques rôles au théâtre (Victor ou les Enfants au pouvoir en novembre 1946) et travaille sur une émission de radio consacrée à la poésie.
Juliette noue des relations amicales avec de jeunes artistes et intellectuels de Saint-Germain-des-Prés, dont Anne-Marie Cazalis et Boris Vian. C'est dans l'un des bistrots de la rue Dauphine, Le Tabou, qu'elle découvre par hasard que celui-ci dispose d'une grande cave voûtée inutilisée que le patron appelle « le tunnel ». Juliette et ses copains trouvent l'endroit idéal pour y faire de la musique et danser tout en discutant philosophie. Il suffit d'une semaine pour que les curieux viennent en nombre pour observer cette nouvelle et bizarre faune baptisée « existentialistes ». Juliette, devenue la célèbre muse de Saint-Germain-des-Prés sans avoir rien accompli de probant, décide alors de justifier sa célébrité en optant pour la chanson. Jean-Paul Sartre lui confie une sorte de mélopée qu'il a écrite pour sa pièce de théâtre Huis clos et lui conseille d'aller voir le compositeur Joseph Kosma pour que celui-ci en réécrive la musique qu'il ne trouvait pas réussie. C'est ainsi que Juliette interprète La Rue des Blancs-Manteaux, œuvre née de la plume du chantre de l'existentialisme et d'un compositeur rompu à l'art de mise en musique de la poésie (notamment celle de Jacques Prévert).
En 1949, disposant d'un riche répertoire (de Jean-Paul Sartre à Boris Vian…), Juliette Gréco participe à la réouverture du cabaret le Bœuf sur le toit. Elle rencontre cette année-là Miles Davis dont elle tombe amoureuse3. En 1951, elle reçoit le prix de la SACEM pour Je hais les dimanches. En 1952, elle part en tournée au Brésil et aux États-Unis dans la revue April in Paris.
En 1954, elle chante à l'Olympia. Elle rencontre son futur époux, le comédien Philippe Lemaire, sur le tournage du film Quand tu liras cette lettre de Jean-Pierre Melville. Ils divorcent en 1956 après la naissance de leur fille Laurence-Marie.
Elle repart pour New York et ses interprétations des plus grands auteurs français enthousiasment les Américains. Hollywood la courtise. Elle rencontre le puissant producteur Darryl Zanuck sur le tournage du film Le soleil se lève aussi d'Henry King (1957). Il devient son compagnon, malgré les différences d'âge et de tempérament. Elle tourne dans quelques-unes de ses productions jusqu'en 1961, notamment sous la direction de John Huston dans Les Racines du ciel (1958) et de Richard Fleischer dans Drame dans un miroir (1960), tous deux avec Orson Welles.
En 1960, elle revient à la chanson qu'elle ne quittera plus, découvre et fait découvrir de nouveaux talents : Jacques Brel, Serge Gainsbourg, Guy Béart et Léo Ferré.
En 1965, elle effectue une tournée des Maisons des Jeunes de la Culture de la banlieue parisienne offrant gratuitement à un public constitué de jeunes étudiants et d'ouvriers qui la découvrent tous les auteurs et les compositeurs qu'elle se donne comme mission de servir. Toujours en 1965, elle tient un rôle de premier plan dans le feuilleton télévisé Belphégor ou le Fantôme du Louvre. La même année, lors d'un dîner de têtes d'affiches organisé par un grand magazine populaire, elle se retrouve assise aux côtés de Michel Piccoli qui deviendra son mari en 1966. Ils se sépareront en 1977.
Du 16 septembre au 23 octobre 1966, le TNP accueille pour la première fois dans sa grande salle (2 800 places) du Palais de Chaillot deux chanteurs : Juliette Gréco et Georges Brassens.
En 1968, elle inaugure la formule des concerts de 18 h 30 au Théâtre de la Ville à Paris. Elle y interprète l'une de ses plus célèbres chansons, Déshabillez-moi.
Elle enregistre en avril 1969 un titre de Didier Rimaud à la demande de son ami François Rauber, Faurait aller plus loin, chanson intégrée à l'album Difficile amour de Bernard Geoffroy.
Peut-être du fait que son succès marque le pas en France au début des années 1970 alors qu'elle fait de nombreuses tournées à l'étranger (notamment en Italie, en Allemagne, au Canada et au Japon), un grand changement s'effectue dans la carrière de Gréco. En 1972, elle quitte les productions Philips, chez qui elle enregistrait depuis plus de 20 ans, pour les productions Barclay. Deux albums sont édités sous ce label : Juliette Gréco chante Maurice Fanon (1972) et Je vous attends (1974). En même temps s'opère une nouvelle orientation artistique : tous les textes sont dus à la plume de deux nouveaux auteurs : Maurice Fanon pour l'album de 1972 et Henri Gougaud pour celui de 1974 (excepté Ta jalousie, chanson écrite par le parolier Jean-Loup Dabadie et L'Enfance, reprise de la chanson de Jacques Brel extraite de son film de 1973, Le Far West). Parallèlement, Gérard Jouannest, son pianiste et accompagnateur depuis 1968, devient son compositeur exclusif (elle l'épouse en 1988).
Nouveau changement de maison de disque en 1975. Elle quitte Barclay pour graver ses deux albums suivants chez RCA Victor : Vivre en 1975 et Gréco chante Jacques Brel, Henri Gougaud, Pierre Seghers en 1977. À cette occasion, Gréco prend sa plume de parolière pour écrire successivement : Fleur d'orange, Le Mal du temps et L'Enfant en 1975 (l'auteur des autres chansons est Henri Gougaud), puis Pays de déraison et L'amour trompe la mort en 1977 (les autres auteurs sont ceux du titre de l'album). Elle achève sa carrière de parolière avec ces cinq titres.
Suite de nouveautés de 1982 à 1983. Consécutivement à la parution de ses mémoires (Jujube, Éditions Stock, 1982), Juliette Gréco établit sous la direction artistique de Gérard Meys son anthologie discographique telle qu'elle la conçoit à ce moment de sa carrière. François Rauber réalise les arrangements et dirige d'orchestre tandis que Gérard Jouannest est au piano. Cette anthologie est commercialisée en trois volumes séparés (voir section « Discographie / Anthologie et intégrale »).
Toujours chez les Disques Meys, Gréco enregistre un nouvel album : Gréco 83 où, encore une fois, de nouveaux auteurs venus de tous horizons livrent à la chanteuse quelques petits bijoux dont l'un devient un titre incontournable de ses tours de chant : Les Années d'autrefois du journaliste Richard Cannavo. Parmi les autres auteurs figurent le dessinateur de BD Gébé (Bleu sans cocaïne), l'auteur-compositeur-interprète Allain Leprest (Le Pull-over, musique de Jean Ferrat) et le parolier Claude Lemesle (Y'a que les hommes pour s'épouser).
Elle est faite Chevalier de la Légion d'honneur par le Premier ministre Laurent Fabius, le 23 octobre 1984.
Elle retrouve une fois de plus son public de l'Olympia en 1991 et l'album live du concert est édité par Philips
Elle enregistre ensuite, en 1993, un album avec des textes d'Étienne Roda-Gil sur des musiques, entre autres, de João Bosco, Julien Clerc, Gérard Jouannest et Caetano Veloso.
Octobre 1993 : récital à l'Olympia suivi d'une tournée.
1994 : retirage de l'album de 1993 augmenté d'une chanson : Le Temps des cerises qu'elle présentera désormais dans tous ses récitals comme « une chanson d'amour donc une chanson révolutionnaire, et une chanson révolutionnaire donc une chanson d'amour ».
1998 : après une absence discographique de quatre ans, elle enregistre pour les disques Meys un album entièrement écrit par Jean-Claude Carrière.
L'album est créé en public en récital au Théâtre de l'Odéon à Paris en mai 1999.
En 2003, elle enregistre chez Polydor un nouvel album sur des textes de Christophe Miossec, Marie Nimier et Jean Rouault, Benjamin Biolay et Gérard Manset. L'ensemble est mis en musique par Gérard Jouannest et François Rauber.
Elle retrouve l'Olympia en 2004.
En 2006 elle part pour New York enregistrer un album avec des musiciens de jazz qui paraitra en France sous le titre Le Temps d'une chanson. Elle le crée sur la scène du Théâtre du Châtelet à Paris seulement accompagnée d'un piano et d'un accordéon.
Le 10 mars 2007, les Victoires de la musique la couronnent d'une « Victoire d'honneur » pour toute sa carrière. Pour la première fois, le 27 octobre 2007, elle donne un concert à la Salle Pleyel accompagnée d'une formation réduite.
En novembre 2008, elle enregistre en duo la chanson Roméo et Juliette avec Abd Al Malik (album Dante).
Fin 2008-début 2009, elle prépare un nouvel album réalisé à partir de textes d'Olivia Ruiz et d'Abd Al Malik.
En mars 2010, un nouveau documentaire, Je suis comme je suis de Brigitte Huault-Delannoy, est projeté en son honneur et en sa présence à Montréal (Place des Arts).
Fin mai 2011, le compositeur Louis Siciliano lui propose d'interpréter avec Bichou, chanteur vauclusien, une de ses dernières compositions intitulée Bonjour Paris. Juliette Gréco accepte ; l'enregistrement de la chanson doit être effectué en septembre 2011.
Le 15 août 2011, elle apprend avec beaucoup de tristesse le décès de son parolier Allain Leprest, qui s'est donné la mort à Antraigues-sur-Volane où il était en vacances, et où est inhumé Jean Ferrat.
Elle est membre du comité de parrainage de la Coordination française pour la Décennie de la culture de paix et de non-violence.
Proche de la gauche, elle a cosigné, avec Pierre Arditi, Maxime Le Forestier et Michel Piccoli une lettre ouverte, le 4 mai 2009, à l'intention de Martine Aubry, première secrétaire du Parti socialiste, appelant les députés socialistes à adopter la loi Création et Internet.