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Musique classique, jazz, variétés d'hier et d'aujourdhui
Georges Thill est un ténor français né le 14 décembre 1897 à Paris et décédé le 15 octobre 1984 à Draguignan dans le Var1. Georges Thill est un ténor français né le 14 décembre 1897 à Paris et décédé le 15 octobre 1984 à Draguignan dans le Var1.
Messages : 2843 Date d'inscription : 03/02/2015 Age : 68
Sujet: Re: Georges Thill Mer 9 Sep - 16:19
Fils d’un éditeur parisien, il est né à Paris2 le 14 décembre 1897. Tout jeune, il se plaisait à chanter et le faisait volontiers sur demande, même devant ses collègues de la Bourse des valeurs, où il travailla dès 1915 ; mais il était loin de penser à faire carrière dans le chant, quoiqu’il fût doté d’une voix puissante. Il raconta plus tard avoir appris par cœur, aux écouteurs d’un juke-box de l’époque, deux airs italiens chantés par Caruso, tirés des opéras Tosca et Paillasse. Ces enregistrements, reproduits à la mauvaise vitesse, l’habituèrent à placer sa voix trop haut. Il avait, comme il le dit lui-même, « le chant véritablement dans la peau » et devait résumer ses toutes premières leçons à ces deux extraits. Thill, appartenant à cette génération de conscrits de la Grande Guerre, fut appelé au front en 1916. Il y aura l’occasion de chanter devant ses compagnons d’armes. À la fin des combats, un oncle le pousse à passer une audition au Conservatoire de Paris, où il fut admis en novembre 1918. Ses deux premières années de formation (1919-20) avec la basse André Gresse comme professeur de chant furent pourtant difficiles et frustrantes pour le futur grand ténor, qui ne trouvait toujours pas comment placer une voix déjà trop courte. Il obtint seulement en fin de cycle un 2e accessit de déclamation lyrique. En janvier 1921, il décide, sur les conseils d’un ami, le baryton italien Mattia Battistini, de se rendre auprès du célèbre De Lucia, spécialiste du répertoire du bel canto, qui professait à Naples. Ce chanteur renommé s’aperçut rapidement de la qualité des aigus de son nouvel élève et de la faiblesse et de l’instabilité de ses registres médium et grave. Thill gagna par l’enseignement de De Lucia le renforcement de son bas registre, le contrôle du souffle, un legato exemplaire et une diction étonnante de clarté. Les leçons de ce professeur furent présentes à son esprit tout au long de sa carrière et lui servirent à aborder plus tard des rôles dramatiques plus lourds. Il était resté deux ans auprès de De Lucia, quand ce dernier tomba gravement malade et mourut deux ans plus tard. Thill décida, au début de 1924, d’entrer à l’Opéra de Paris, dirigé alors par Jacques Rouché, plutôt qu’à La Scala de Milan, ce qui aurait été la suite logique et raisonnable de ses études du chant italien et conforme au vœu de son maître. Cette décision marqua la singularité de sa carrière, car il devint, par la suite, le spécialiste incontesté de l’opéra français (qui touchait à la fin de son âge d’or) et, à travers le monde entier, l’interprète emblématique du chant français. Il parvint par ses qualités uniques à s’imposer peu à peu dans le temple lyrique où régnait pourtant le grand ténor parisien Paul Franz (de), qui ne devait quitter l'établissement qu’en 1938.
La voix de Thill est celle d’un ténor demi-caractère (ou lyrique) au timbre clair et à l’aigu facile et large, mais au médium et bas-médium suffisamment affermis (chez De Lucia) pour tenir couramment les rôles dramatiques d’un « lirico-spinto », tels ceux de Lohengrin et de Radamès (Aida); voire de se frotter, sans toutefois en abuser, à ceux de Tannhäuser, Parsifal, Don Carlo, Samson et autres plutôt dévolus aux forts-ténors. Voix virile, souple et élégante, miraculeusement homogène sur deux octaves, qui porte sans forcer, sans la nasalisation typique du chant français classique. On a pu lui reprocher un peu d’accent pointu parisien qui lui revenait parfois. On disait que la voix de Caruso était de cuivre et que celle de Thill était d’argent.
Que Thill ait pu tenir pendant presque 30 ans, dont une quinzaine en plein apogée, avec un répertoire aussi diversifié (en français surtout, mais aussi en italien, en espagnol et en allemand) en dit long sur la technique acquise et le travail incessant pour maintenir un mécanisme vocal aussi performant. Son assimilation du style du bel canto qu’il adapta à la déclamation et à la prosodie françaises, la netteté de l’élocution, la maîtrise du passage des registres, la coloration raffinée et l’aisance de l’articulation sont étonnantes. Son chant, « voix de violoncelle », semblait lui sortir naturellement du gosier. Bien sûr, le tissu vocal s'use et ne se régénère pas et, à partir des années 1940, si sa technique était toujours présente, il n’eut plus la même splendeur.